lundi 29 avril 2013

On ne devient pas Justin Trudeau, on le naît

Cette semaine je suis vraiment fier de mon titre.

Je sais, je sais, cela devrait aller de soi.

Vous vous dites que je n'ai probablement pas eu à réfléchir longtemps ou à travailler très fort pour trouver un titre aussi réussi. Or, comme l'a toujours dit mon grand frère, l'homme qui m'a le plus influencé durant les années formatrices de ma vie : « réussir en faisant des efforts, c'est facile; ce qui est vraiment difficile, c'est réussir sans effort. »

Vous vous dites aussi que les origines de mon titre sont manifestement anciennes et glorieuses. Que je ne l'ai pas créé tout seul. Qu'il m'a pour ainsi dire été légué. Que j'en dois l'inspiration à une devancière célèbre, dont je me suis fait aujourd'hui le successeur très spirituel. Vous savez de qui je parle ici. Louise-Andrée Saulnier: « On ne naît pas femme fontaine, on le devient. »

Soit, j'ai les meilleures raisons du monde d'être fier.

Seulement, si je suis si fier de mon titre cette semaine, c'est aussi à cause de son je-ne-sais-quoi qui agace et séduit en même temps. On le lit et on devine tout de suite que quelque chose ne va pas. Mais quoi au juste? Un titre aussi pétillant pourrait-il se révéler sans consistance? On le relit donc. On ne devient pas Justin Trudeau, on le naît. Eh oui… ça manque de substance, surtout à partir du milieu. Mais comme c'est agréable et sexy, on le relit encore. On ne devient pas Justin Trudeau, on le naît. Et alors là, vraiment, ça ne tient plus du tout, la phrase se révèle illogique, mais il est trop tard, on ne peut plus s'empêcher de la relire encore et encore. On ne devient pas Justin Trudeau, on le naît. On ne devient pas Justin Trudeau, on le naît. C'est devenu une démangeaison aussi désagréable que jouissive.

Quant au texte lui-même, s'il n'est pas à la hauteur, qu'importe? Les lecteur seront quand même allés voir... Un blogueur peut-il exiger plus?

***

Je ne sais pourquoi, mais tout ceci me fait penser à Justin Trudeau, dont je voudrais justement vous parler aujourd'hui. Petit avertissement: pour y arriver, je devrai faire preuve d'incohérence. En effet, je vous ai expliqué autrefois pourquoi je me définis comme Québécois. Ce que je ne vous ai jamais dit et qui pourra sembler incohérent, c'est que j'ai par ailleurs toujours été, que je demeure encore et toujours profondément Canadian. C'en est hallucinant à quel point je suis aussi Québécois que Canadian!

Par exemple, j'aime Pauline Julien, mais j'aime aussi la Ginger Ale.

J'aime la cuisine de Martin Picard, mais j'aime aussi Martin Short et les chips Lay's.

J'aime le progrès, l'égalité hommes/femmes et la social-démocratie, mais je n'aime pas moins ne pas traverser la rue lorsque c'est interdit.

Je vous le dis, c'est hallucinant!

Au point que j'ajouterais enfin que j'aime le Québec, sa langue, sa culture et son territoire, mais que cela ne m'empêche pas d'aimer Justin Trudeau.

J'aime Justin Trudeau.

          J'aime le fait qu'il s'appelle Justin et qu'il soit si beau.


    J'aime le fait qu'il s'appelle Trudeau et qu'il soit si vacant

                                          J'aime le fait que dans la vraie vie, il enseigne les mathématiques.


                                          J'aime le fait qu'il soit vraiment parti d'absolument rien.

C'est tout. Et ça devrait suffire amplement à faire un jour de lui notre Premier ministre.

***

Vous êtes peut-être déçus. Vous vous dites que vous n'avez rien appris de concret sur Justin Trudeau aujourd'hui, que tout ce que j'ai écrit n'approfondit en rien l'image qu'on se fait du personnage. C'est vrai, je l'avoue, et je l'assume. Pour quelles raisons aurais-je dû laisser l'effort et la substance empêcher le naturel de s'exprimer? L'imitation n'est-elle pas le meilleur des hommages?

Afin de ne pas trop vous laisser sur votre faim, laissez-moi quand même terminer par une anecdote dont je vous garantis l'authenticité avec toute la blancheur dont mes dents sont capables.

Je me promenais innocemment, un doux matin de printemps, dans le quartier Villeray, guilleret, humant ici le parfum exquis d'une tulipe en fleur, tendant là ma main souriante aux écureuils qui venaient se faire flatter un peu, quand je vis traîner sur le trottoir pourtant propre et bien entretenu de ce quartier si bien représenté politiquement, un portefeuille. À qui pouvait-il bien être? Comment avait-il été perdu ou abandonné? Quelles angoisses pouvaient bien vivre en ce moment même son propriétaire légitime? Que fallait-il faire? Ces quelques secondes d'inquiète stupéfaction passées, il me vint à l'esprit qu'il fallait tout simplement me pencher, prendre ce portefeuille perdu, puis chercher à découvrir l'identité dudit propriétaire.

Quelle ne fut pas ma surprise quand, au moment même où je me penchais pour le ramasser, je constatai que le portefeuille se mit à glisser, comme s'il me fuyait?!? Quel étrange portefeuille! S'ensuivit donc une course folle à travers les rues de Villeray, moi courant à en perdre l'haleine, le portefeuille glissant quant à lui sur le trottoir à toute vitesse, mais s'arrêtant parfois pour mieux repartir, d'un bond espiègle, dès que je m'en approchais un peu. Boyer, de Castelnau, Henri-Julien… les rues défilaient à toute allure. Puis filèrent les ruelles sans nom, dans le méandre angoissant desquelles je finis par me perdre. Où étais-je? À l'intersection de deux ruelles inconnues. Que faisais-je? Je l'ignorais bien. Le portefeuille, posé comme un homme sans tête et sans tronc sur ses deux volets, semblait bel et bien se moquer de moi.

Quelle ne fut pas ma surprise quand émergèrent tout à coup de partout autour de moi une bande d'hommes louches et patibulaires, qui frappaient leur main gauche d'une batte de baseball qu'ils agrippaient fermement de leur main droite!?! Ils étaient tous synchronisés. Ils approchaient tous imperturbablement de moi. Le cercle se refermerait bientôt. Qu'allais-je faire? DONNE TON CASH!!!! VITE!!!! C'est ce qu'ils me dirent tous en chœur, avec un ton bien péremptoire. Inutile de vous dire que je ne me fis pas prier davantage pour donner au chef de la bande – un agresseur très crédible ressemblant fort au comédien Sébastien Dhavernas – mon propre portefeuille, tremblant, les priant de m'épargner. Ne me faites pas de mal, je vous en supplie, je suis important!!! Je suis un blogueur!!!

Quelle ne fut pas ma surprise quand arriva sur les lieux, en shorts et en camisole d'un lycra rouge moulant à la perfection des muscles au galbe exquis, deux gants de boxes rouges aux poings, Justin Trudeau, mon héros, mon sauveur. VOUS ÊTES DANS MON COMTÉ!!! SAUVEZ-VOUS AVANT QUE JE NE VOUS ASSÈNE UN DE CES COUPS!!! Il n'en fallut pas plus pour que la bande de malotrus se disperse effrayée. Justin Trudeau s'approcha de moi, enleva son gant de boxe droit, se pencha, s'empara du portefeuille qui traînait par terre, puis me le tendit gracieusement, esquissant un sourire qui semblait vouloir dire: pas besoin de me féliciter. Je suis né pour sauver mes concitoyens. Ce sont d'ailleurs ses propres mots, prononcés alors qu'il souriait à la caméra qui l'accompagnait ce jour-là.

Justin s'en alla ensuite sous le soleil couchant de Villeray, me laissant seul avec le portefeuille retrouvé, qui en fin de compte n'était pas le mien, mais celui que j'avais poursuivi dans les rues et ruelles. J'avais perdu mes cartes d'identité. J'avais perdu l'argent de mon loyer. Je ne savais toujours pas où j'étais. Mais je n'avais rien perdu de vraiment essentiel. Dans le portefeuille presque vide, il y avait une photo de Justin et moi, ses bras sur mes épaules. La photo était signée: to my favorite fan, thanks for keeping it real, Justin, love. C'est à ce moment que j'ai compris, pour la première fois, que Justin Trudeau n'était pas simplement un politicien plus talentueux que les autres, c'était un véritable magicien!

Et vous, quel est votre meilleur moment Justin Trudeau?


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