mercredi 29 août 2012

Divided we stand, together we fall

Nous sommes le 22 mai 2014. Le gouvernement minoritaire du Parti Québécois vient d'être renversé suite au refus de l'Assemblée nationale d'entériner par un vote de confiance le projet de loi 87 sur l'Éducation supérieure. Ce projet de loi, qui prévoyait l'indexation au coût de la vie des frais de scolarité ainsi que la mise en place d'une commission paritaire permanente sur l'éducation supérieure, a été rejeté par une majorité de deux voix, et ce, malgré un taux d'approbation de 67% dans la population québécoise, selon le plus récent sondage CROP/La Presse. Selon François Legault, il s'agissait d'une mesure improvisée, impossible à financer et qui allait gravement nuire aux jeunes générations, soumises au fardeau d'une dette qu'il propose de payer en coupant 20 000 postes de professeurs d'Université. Jean Charest a quant à lui affirmé ne pas vouloir céder à l'intimidation des sondages, remettant en question la méthodologie employée par la firme CROP, qui ne tient pas suffisamment compte selon lui de l'opinion des personnes atteintes de démence sénile. Les députés et porte-paroles de Québec solidaire, Françoise David et Amir Khadir, dont plusieurs militants considèrent le projet de loi 87 fasciste, trotskiste et révisionniste, ont été forcés de s'abstenir. Jean-Martin Aussant d'Option nationale, selon lequel seule l'indépendance du Québec est en mesure de résoudre les problèmes de l'Éducation supérieure, s'est aussi abstenu.

Dans ces circonstances, le PQ a été forcé de déclencher des élections qui auront lieu le 22 juin prochain, Pauline Marois ayant d'ailleurs affirmé que le Québec avait le plus grand besoin d'un gouvernement majoritaire : « Le Québec n'avancera pas tant qu'il y aura plus de deux mains sur le guidon du BIXI. (Réactions de surprise et de rire chez les journalistes.) Oui, oui, je suis une femme simple, très écologique, et j'aime bien faire du vélo. J'ai d'ailleurs une maison de campagne en Provence juste pour cela. Ha! Ha! J'aime tellement connecter avec le monde ordinaire! Excusez-moi, mon conseiller me fais signe, je dois descendre de mon strapontin.» Alors que les sondages donnent depuis cette conférence de presse la CAQ majoritaire, les forces progressistes du Québec ne se laissent surtout pas abattre. Neuf nouveaux partis viennent d'être créés pour répondre de façon plus satisfaisante à l'ensemble des besoins complexes et très personnalisés de l'électorat de gauche au Québec. Par souci démocratique, et afin de préparer les téléspectateurs aux 120 face-à-face entre les 16 principaux chefs de partis qui, sous injonction de la Cour Supérieure du Québec, seront présentés tous les soirs durant les trois prochains mois au réseau TVA, nous vous les présentons brièvement.

Parti Légionnaire du Québec (PLQ)
Chef : V (comme dans V for Vendetta)
Fondé le 5 septembre 2012 par une cellule montréalaise du groupe Anonymus, le PLQ (que nous vous invitons à ne pas confondre avec l'autre PLQ, sauf si vous venez de Québec, alors vous pouvez les confondre, ce sont les mêmes lettres, ça doit être le même parti, hanhanhan...) le PLQ, donc, a été inspiré par le succès trop limité du projet Légionellose, qui n'est finalement pas parvenu à empêcher les citoyens de Québec de voter contre les intérêts du Québec le 4 septembre 2012. Au premier jour de son mandat, le PLQ fera déménager l'Assemblée nationale à Trois-Rivières et invitera tous les Québécois à s'exprimer par Référendum sur la pertinence d'octroyer le moindre contrat ou le moindre service public à une ville ingrate dont la population aura de toute façon été décimée.
Slogans : «Légions contre Québec!»

Le Nouveau Parti Québécois (PQ2)
Chef : Bernard Drainville
Fondé le 5 septembre 2012, en réaction à l'élection d'un gouvernement minoritaire péquiste sous la direction de Pauline Marois, par Bernard Drainville, Jacques Parizeau, Pierre Curzi et Lisette Lapointe, Le Nouveau Parti Québécois entend reprendre l'ensemble de la plateforme du Parti Québécois, maintenir l'ensemble de la constitution du Parti Québécois et adopter l'ensemble des stratégies du Parti Québécois en vue d'un Référendum sur la Souveraineté du Québec, mais en repartant à neuf, sans Pauline Marois, en honneur de laquelle le PQ2 entend déclarer des funérailles nationales au premier jour de son mandat.  
Slogan : «À nous de choisir, sans elle!»

La Réunion des indépendantistes progressistes (RIP)
Chef : Emmanuel Bilodeau
Fondé le 6 septembre 2012 en réaction à la division accrue du vote souverainiste qu'impliquait l'arrivée du PQ2 sur une arène déjà encombrée par le PQ et ON, la RIP vise à réunir les forces progressistes éparpillées pour assurer l'indépendance du Québec dans les plus brefs délais raisonnables. Le premier jour de son mandant, la RIP fera voter une loi pour que le DGE reconnaisse comme co-députés tous les candidats souverainistes qui se seraient présentés dans un même comté et qui seraient parvenus à obtenir une pluralité de votes.
Slogan : «Divisons nos votes pour mieux les réunir!»

Le parti authentique stratégique (PAS)
Chef : Nicolas Girard
Fondé le 7 septembre 2012 après la victoire de Françoise David dans Gouin et en réaction à l'arrivée de la RIP dont il considère l'article 1 anticonstitutionnel, le PAS entend démontrer qu'au contraire, ce dont les indépendantistes ont besoin, c'est d'un parti et d'un chef qui leur permettrait à tous de voter selon leurs convictions tout en demeurant stratégiques. Nicolas Girard ayant été à la fois un député exceptionnel, qui a su faire tomber le ministre Tomassi, et un candidat stratégique remarquable, qui a su se ranger derrière Pauline Marois quand il le fallait pour faire avancer la cause souverainiste, c'est de lui que le Québec a besoin pour réunir à nouveau tous les souverainiste dans un seul parti. Au premier jour de son mandat, Nicolas Girard agira selon la conscience de tous les Québécois, pour les faire tous gagner.
Slogan : «Faites un PAS en avant!»

NPD Québec
Chef : Ruth Ellen Brosseau
Fondé le 8 septembre 2012 afin de diversifier l'offre politique à gauche, qui est de plus en plus dominée par les nombreux mouvements indépendantistes, NPD Québec entend donner une voix aux fédéralistes progressistes du Québec, pris en otage par des partis politiques qui ne peuvent au mieux leur offrir que «l'indépendance si nécessaire, pas nécessairement l'indépendance». Au premier jour de son mandat, NPD Québec nous promet malgré son allégeance fédéraliste de défendre avec ténacité les intérêts de la province du Québec contre le gouvernement conservateur de Stephen Harper. Nous ne savons pas encore si NPD Québec saura défendre avec autant de ténacité les intérêts du Québec contre un éventuel gouvernement de Thomas Mulcair.
Slogan : «Les compétence du fédéral, au provincial!»

Le parti pour l'oblitération du «il» (POiL)
Cheffe : Manon Massé
Fondé le 9 septembre 2012 en réaction à la fondation de NPD Québec, le seul des nouveaux partis politiques québécois à être dirigé par une femme, « ce qui ne donne pas une très bonne idée de ce dont les femmes sont vraiment capables », avait alors affirmé Manon Massé, faisant allusion au contraste assez remarquable entre l'apparence physique et les compétences intellectuelles de Ruth Ellen Brosseau. «Ce n'est pas avec un poteau que les femmes vont s'émanciper!». Le premier jour, ou plutôt la première journée de son mandat, le POiL promet d'imposer au DGE une loi sur la parité des candidatEs ainsi qu'une autre loi sur la parité du vote : « quand les hommes seront enfin obligés de voter une fois sur deux pour des femmes, le Québec sera libre ». 
Slogan : «Il/Elle est temps que les hommEs soient égalEs»

Le Parti urbain régionaliste épicurien écologiste (PURÉE)
Chef : Christian Bégin
Fondé le 10 septembre 2012 en réaction à la toute nouvelle diversité de l'offre politique progressiste, qu'ils trouvent trop ringarde et pas assez «vintage», des citoyens du Plateau Mont-royal, du Mile End, du Marché Jean-Talon et de Kamouraska se sont réunis autour d'une petit magnum de Chassagne-Montrachet 2002 d'Henri Rousseau et ont décidé de profiter de la nouvelle tendance politique pour créer un parti qui rassemblerait vraiment les Québécois qui en valent la peine dans le lieu le plus emblématique du Québec : la cuisine. Au premier jour de son mandat, le PURÉE, dont vous pourrez rencontrer les membres cuisiniers et comédiens dans la nouvelle émission de Télé Québec, Les Candidats gourmands, le PURÉE, donc, promet de fournir à tous les étudiants universitaires qui éprouveraient des difficultés financières une boîte à lunch quotidienne de chez Olive et Gourmando, comprenant des plats cuisinés avec un brin de folie ainsi que des ingrédients locaux, saisonniers et prétentieux.
Slogan : «À qui le chalet chic! À nous le chalet chic!»

La coalition arc-en ciel (CAC)
Seul membre : Philippe Labarre
La CAC a été «fondée» en août 2012 par un blogueur qui se croit convaincu qu'une union entre carrés rouges, partis verts, nationalistes bleus pâles ou foncés, féministes roses et progressistes oranges est possible, et qui les voit pourtant lutter farouchement les uns contre les autres autour de certitudes de principes, autour de certitudes stratégiques dont il n'arrive pas à se convaincre. Au premier jour de son mandat, la CAC ne fera rien, parce que personne ne votera pour elle. En fait, la CAC est probablement déjà menacée financièrement par une imminente poursuite civile intentée par la communauté LGBT, qui n'admettra sans doute pas que d'autres progressistes lui empruntent son symbole. Les arcs-en-ciel ne poussent pas sur terre. Les arcs-en-ciel n'apparaissent que lorsqu'il pleut et qu'il fait soleil en même temps. Les arcs-en-ciel ne doivent donc pas exister...
Slogan : «Tous unis dans le vide!»

5 commentaires:

  1. Ce texte est magnifique, d'une ironie lucide et d'un imaginaire foisonnant, malheureusement trop proche de notre réalité politique québécoise. La multitude des partis progressistes ne vaincra pas et tant que les personnes âgées auront peur du changement incarné par plusieurs jeunes et que la majorité des gens de Québec auront comme principale motivation de ne pas voter comme les gens de Montréal, mais plutôt comme la majorité beauceronne, le Québec est en danger. Personnellement, je connais trop de gens qui voudraient se joindre à la PURÉE et plusieurs qui se jetteraient dans les nombreux autres partis qui flattent leurs convictimations (sic) personnelles. Le cynique en moi acceptera la défaite, mais le nouvel optimisme qui m’habite dans cette effervescence politique croit encore à la lucidité des gauchistes assez intelligents pour voter stratégiquement, pour par la suite participer à un réalignement souverainiste et progressiste de notre société soumise aux aléas du néo-libéralisme auquel l’Occident (sic) est soumis…

    Et sur la question du vote, de la démocratie : lorsqu’on est face au choix de sortir le PLQ de Charest ou à celui de se retrouver avec un gouvernement minoritaire paralysé par une opposition libérale-caquiste, je reprendrai la complainte d’une artiste afro-étasunienne : «What’s love got to do with it!?» (À lire avec la voix et la tonalité de Madame Turner à l’esprit).

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    1. Après quelques mois d'efforts d'écriture que j'ai osé croire un peu fructueux, votre commentaire suscite en moi une grande joie. Ce n'est pas le compliment seul qui me fait plaisir, mais le fait que ce compliment soit exprimé de façon si manifestement sensible et intelligente. Merci, pour moi et (si je puis me permettre de deviner l'impact de votre voix sur ceux qui vous écoutent ou vous lisent) pour le Québec.

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  2. je prendrais une carte de membre pour la CAC, svp!

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    1. Pour obtenir une carte de la cac, c'est facile, il suffit de la souhaiter du plus profond de son coeur. Le plus difficile, c'est de ne pas la perdre ensuite.

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  3. moi je vote pour de le purée de choix!

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