Long time no see, hein? Ça fait, quoi, plus de deux mois maintenant?.. Vous ai-je manqué?
...
Oui. C'est à vous que je parle. Vous ai-je manqué?
...
Non? Pas même un tout petit peu?
...
C'est bon, je suis un adulte. Pas besoin de m'épargner. Je suis un enseignant. Je suis capable d'en prendre...
Sachez quand même que vous m'avez manqué au plus haut point. Que l'écriture que je partage avec vous m'a manqué. Que les histoires à moitié fausses que je vous inventais chaque semaine m'ont manqué. Que la célébrité extraordinaire dont je jouissais grâce à mon blogue m'a manqué. Je fais des blagues, évidemment... Ce qui m'a manqué le plus, pour de vrai, ce sont les mots. Oui, les mots m'ont manqué, dans les deux sens du mot manquer, d'ailleurs: je me suis ennuyé des mots, mais les mots, eux, ne se sont pas vraiment ennuyés de moi. Ils ont pris des vacances. Ils sont partis en voyage. Et ne m'ont pas donné de nouvelles pendant deux mois.
Pourquoi?
J'essaierai bientôt de vous expliquer pourquoi. Je vous ferai part en long et en large des vagues vagues de mon vide intérieur estival. Je vous dirai tout, en détails, sur rien ou presque. Et je prendrai bien mon temps. C'est promis.
Mais pas aujourd'hui. Aujourd'hui, je serai bref. Parce que je n'ai pas le temps de faire de long textes pleins d'esprit, de profondeur et de subtilités. Parce que je travaille trop fort et trop d'heures, en tant qu'enseignant au cégep, à mon début de session. Ce qui est très cocasse, voyez-vous, car nous apprenons justement aujourd'hui dans Le Devoir qu'une baisse salariale serait en vue pour les enseignants au cégep, qui verraient leur classement professionnel réévalué sous le niveau des enseignants au préscolaire, au primaire ou au secondaire, et qui perdraient la reconnaissance professionnelle de leurs diplômes de maîtrise ou de doctorat.
Parce que, semble-t-il, nous ne travaillons pas assez.
...
Oui. C'est à vous que je parle. Vous ai-je manqué?
...
Non? Pas même un tout petit peu?
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C'est bon, je suis un adulte. Pas besoin de m'épargner. Je suis un enseignant. Je suis capable d'en prendre...
Sachez quand même que vous m'avez manqué au plus haut point. Que l'écriture que je partage avec vous m'a manqué. Que les histoires à moitié fausses que je vous inventais chaque semaine m'ont manqué. Que la célébrité extraordinaire dont je jouissais grâce à mon blogue m'a manqué. Je fais des blagues, évidemment... Ce qui m'a manqué le plus, pour de vrai, ce sont les mots. Oui, les mots m'ont manqué, dans les deux sens du mot manquer, d'ailleurs: je me suis ennuyé des mots, mais les mots, eux, ne se sont pas vraiment ennuyés de moi. Ils ont pris des vacances. Ils sont partis en voyage. Et ne m'ont pas donné de nouvelles pendant deux mois.
Pourquoi?
J'essaierai bientôt de vous expliquer pourquoi. Je vous ferai part en long et en large des vagues vagues de mon vide intérieur estival. Je vous dirai tout, en détails, sur rien ou presque. Et je prendrai bien mon temps. C'est promis.
Mais pas aujourd'hui. Aujourd'hui, je serai bref. Parce que je n'ai pas le temps de faire de long textes pleins d'esprit, de profondeur et de subtilités. Parce que je travaille trop fort et trop d'heures, en tant qu'enseignant au cégep, à mon début de session. Ce qui est très cocasse, voyez-vous, car nous apprenons justement aujourd'hui dans Le Devoir qu'une baisse salariale serait en vue pour les enseignants au cégep, qui verraient leur classement professionnel réévalué sous le niveau des enseignants au préscolaire, au primaire ou au secondaire, et qui perdraient la reconnaissance professionnelle de leurs diplômes de maîtrise ou de doctorat.
Parce que, semble-t-il, nous ne travaillons pas assez.
[silence]
Commençons par les arguments rationnels.
Contrairement à un enseignant au préscolaire, au primaire ou
au secondaire, pour être embauché, un enseignant au cégep doit le plus souvent être titulaire d'un diplôme universitaire de deuxième, voire de troisième cycle. À
cause du temps requis pour l’acquisition de ces diplômes (qu'on ne lui reconnaîtra
plus désormais), un enseignant au cégep commence généralement à travailler à un
âge plus avancé qu’un enseignant au préscolaire, au primaire ou au secondaire. À
cause du caractère spécialisé de l’expertise dont témoignent ces diplômes (qu’on
ne lui reconnaîtra plus désormais), un enseignant au cégep doit faire sa place
au sein d’un département restreint plutôt que de toute une commission
scolaire, et il doit donc, le plus souvent, attendre encore plus longtemps qu’un enseignant au
préscolaire, au primaire ou au secondaire avant de jouir d’une sécurité d’emploi.
Tous ces «retards» font en sorte qu'un enseignant au cégep ne parvient pas aussi
souvent qu'un enseignant au préscolaire, au primaire ou au secondaire, à
accumuler une pleine pension à la fin de sa carrière. S'en plaint-il?
Non. Parce qu'on reconnait ses diplômes... Sauf que désormais on ne les reconnaîtra plus. Et on réduira aussi son salaire de 5 %.
Non. Parce qu'on reconnait ses diplômes... Sauf que désormais on ne les reconnaîtra plus. Et on réduira aussi son salaire de 5 %.
Pourquoi?
...
Vous avez déjà oublié?
...
Parce qu'on vient tout juste de découvrir, après de sérieuses recherches faites entre quatre murs bien étanches, que finalement, l'enseignant au cégep travaillerait moins qu’un enseignant au préscolaire, au primaire ou au
secondaire - et qu’à ce titre, il mériterait de vivre une vie moins digne,
financièrement parlant...
Comment cela se peut-il, vous direz-vous?!?
Comment se peut-il qu’un enseignant au cégep puisse travailler moins quand on sait les progrès extraordinaires que peut accomplir grâce à lui, en deux ou trois ans, un étudiant fraîchement propulsé du secondaire? Notez que j'emploie ici le mot propulsé avec une ironie qui échappera presque certainement à l'étudiant propulsé en question, mais qui n'échappera probablement plus (j'aimerais dire certainement plus, mais je préfère demeurer honnête) à l'étudiant qui a obtenu son DEC. Grâce à moi. Grâce à mes cours. Grâce aux cours de mes collègues. On dira que la capacité à reconnaître l'ironie ne mérite pas d'être subventionnée par des salaires aussi décents que le mien. Soit. J'enseigne le français et la littérature. Je peux confirmer à chaque fois que j'ouvre un journal à quel point ce que j'enseigne compte peu pour notre société. Mais j'ai aussi des collègues qui enseignent le calcul différentiel ou intégral, le droit, la médecine nucléaire, la biochimie, la psychologie, la mécanique du bâtiment, le génie industriel, la comptabilité, le graphisme, les soins préhospitaliers d'urgence, la physique... Voulons-nous nous passer de tout cela? Pouvons-nous nous passer de tout cela? Aucun enseignant au préscolaire, au primaire ou au secondaire ne pourrait même rêver d'obtenir de ses élèves des progrès aussi extraordinairement rapides dans des domaines aussi spécialisés. Et c'est pourtant ce que parvient à faire l’enseignant au cégep avec la plupart de ses étudiants. Travaille-t-il moins? Je ne le crois pas.
Mais imaginons un instant que ce soit vrai. Imaginons que l'enseignant au cégep travaille aussi peu qu'on le prétend. Comment fait-il alors pour obtenir autant de progrès de ses étudiants?
Pour «comprendre» ce paradoxe, il faut se rappeler que travailler moins n’implique pas toujours nécessairement en accomplir moins. Pas quand on travaille efficacement, du moins. Et n’est-ce pas précisément à cela que peuvent «servir» les diplômes? À travailler beaucoup plus efficacement? À en faire beaucoup plus en moins de temps?
Ailleurs que dans le gouvernement actuel, ce genre d’efficacité, ça se paie…
La leçon à tirer de tout cela devrait être simple. Le savoir ne profitant plus vraiment à ceux qui le possèdent souvent le plus dans notre système d’éducation, les enseignants au cégep devraient désormais le garder pour eux-mêmes, et surtout, faire semblant de travailler bien bien fort et tout le temps tout le temps tout le temps en s’agitant beaucoup beaucoup beaucoup beaucoup.
Comment cela se peut-il, vous direz-vous?!?
Comment se peut-il qu’un enseignant au cégep puisse travailler moins quand on sait les progrès extraordinaires que peut accomplir grâce à lui, en deux ou trois ans, un étudiant fraîchement propulsé du secondaire? Notez que j'emploie ici le mot propulsé avec une ironie qui échappera presque certainement à l'étudiant propulsé en question, mais qui n'échappera probablement plus (j'aimerais dire certainement plus, mais je préfère demeurer honnête) à l'étudiant qui a obtenu son DEC. Grâce à moi. Grâce à mes cours. Grâce aux cours de mes collègues. On dira que la capacité à reconnaître l'ironie ne mérite pas d'être subventionnée par des salaires aussi décents que le mien. Soit. J'enseigne le français et la littérature. Je peux confirmer à chaque fois que j'ouvre un journal à quel point ce que j'enseigne compte peu pour notre société. Mais j'ai aussi des collègues qui enseignent le calcul différentiel ou intégral, le droit, la médecine nucléaire, la biochimie, la psychologie, la mécanique du bâtiment, le génie industriel, la comptabilité, le graphisme, les soins préhospitaliers d'urgence, la physique... Voulons-nous nous passer de tout cela? Pouvons-nous nous passer de tout cela? Aucun enseignant au préscolaire, au primaire ou au secondaire ne pourrait même rêver d'obtenir de ses élèves des progrès aussi extraordinairement rapides dans des domaines aussi spécialisés. Et c'est pourtant ce que parvient à faire l’enseignant au cégep avec la plupart de ses étudiants. Travaille-t-il moins? Je ne le crois pas.
Mais imaginons un instant que ce soit vrai. Imaginons que l'enseignant au cégep travaille aussi peu qu'on le prétend. Comment fait-il alors pour obtenir autant de progrès de ses étudiants?
Pour «comprendre» ce paradoxe, il faut se rappeler que travailler moins n’implique pas toujours nécessairement en accomplir moins. Pas quand on travaille efficacement, du moins. Et n’est-ce pas précisément à cela que peuvent «servir» les diplômes? À travailler beaucoup plus efficacement? À en faire beaucoup plus en moins de temps?
Ailleurs que dans le gouvernement actuel, ce genre d’efficacité, ça se paie…
La leçon à tirer de tout cela devrait être simple. Le savoir ne profitant plus vraiment à ceux qui le possèdent souvent le plus dans notre système d’éducation, les enseignants au cégep devraient désormais le garder pour eux-mêmes, et surtout, faire semblant de travailler bien bien fort et tout le temps tout le temps tout le temps en s’agitant beaucoup beaucoup beaucoup beaucoup.
Cet homme mérite d'être multimillionnaire! |
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