Je sais, je sais, cela devrait aller de soi.
Vous vous dites que je n'ai probablement pas eu à réfléchir longtemps ou à travailler très fort pour trouver un titre aussi réussi. Or, comme l'a toujours dit mon grand frère, l'homme qui m'a le plus influencé durant les années formatrices de ma vie : « réussir en faisant des efforts, c'est facile; ce qui est vraiment difficile, c'est réussir sans effort. »
Vous vous dites aussi que les origines de mon titre sont manifestement anciennes et glorieuses. Que je ne l'ai pas créé tout seul. Qu'il m'a pour ainsi dire été légué. Que j'en dois l'inspiration à une devancière célèbre, dont je me suis fait aujourd'hui le successeur très spirituel. Vous savez de qui je parle ici. Louise-Andrée Saulnier: « On ne naît pas femme fontaine, on le devient. »
Soit, j'ai les meilleures raisons du monde d'être fier.
Vous vous dites que je n'ai probablement pas eu à réfléchir longtemps ou à travailler très fort pour trouver un titre aussi réussi. Or, comme l'a toujours dit mon grand frère, l'homme qui m'a le plus influencé durant les années formatrices de ma vie : « réussir en faisant des efforts, c'est facile; ce qui est vraiment difficile, c'est réussir sans effort. »
Vous vous dites aussi que les origines de mon titre sont manifestement anciennes et glorieuses. Que je ne l'ai pas créé tout seul. Qu'il m'a pour ainsi dire été légué. Que j'en dois l'inspiration à une devancière célèbre, dont je me suis fait aujourd'hui le successeur très spirituel. Vous savez de qui je parle ici. Louise-Andrée Saulnier: « On ne naît pas femme fontaine, on le devient. »
Soit, j'ai les meilleures raisons du monde d'être fier.
Seulement, si je suis si fier de mon titre
cette semaine, c'est aussi à cause de son je-ne-sais-quoi qui agace et séduit
en même temps. On le lit et on devine tout de suite que quelque chose ne va
pas. Mais quoi au juste? Un titre aussi pétillant pourrait-il se révéler sans
consistance? On le relit donc. On ne devient pas Justin Trudeau, on le naît. Eh oui… ça manque de substance, surtout à partir du milieu. Mais comme c'est agréable et sexy, on le relit encore. On ne devient pas Justin Trudeau, on le naît. Et alors
là, vraiment, ça ne tient plus du tout, la phrase se révèle illogique, mais il
est trop tard, on ne peut plus s'empêcher de la relire encore et encore. On ne devient pas Justin Trudeau, on le naît. On ne devient pas Justin Trudeau, on le naît. C'est
devenu une démangeaison aussi désagréable que jouissive.
Quant au texte lui-même, s'il n'est pas à la hauteur, qu'importe? Les lecteur seront quand même allés voir... Un blogueur peut-il exiger plus?
Quant au texte lui-même, s'il n'est pas à la hauteur, qu'importe? Les lecteur seront quand même allés voir... Un blogueur peut-il exiger plus?
***
Je ne sais pourquoi, mais tout ceci me fait penser à Justin
Trudeau, dont je voudrais justement vous parler aujourd'hui. Petit avertissement: pour y arriver, je
devrai faire preuve d'incohérence. En effet, je vous ai expliqué autrefois pourquoi je me définis comme Québécois. Ce que je ne vous ai jamais dit et qui pourra
sembler incohérent, c'est que j'ai par ailleurs toujours été, que je demeure
encore et toujours profondément Canadian.
C'en est hallucinant à quel point je suis aussi Québécois que Canadian!
Par exemple, j'aime Pauline Julien, mais j'aime aussi la Ginger
Ale.
J'aime la cuisine de Martin Picard, mais j'aime
aussi Martin Short et les chips Lay's.
J'aime le progrès, l'égalité hommes/femmes et la social-démocratie, mais je n'aime pas moins ne pas traverser la rue lorsque c'est interdit.
Je vous le dis, c'est hallucinant!
Au point que j'ajouterais enfin que j'aime le Québec, sa langue, sa culture et son territoire, mais que cela ne m'empêche pas d'aimer Justin Trudeau.
Au point que j'ajouterais enfin que j'aime le Québec, sa langue, sa culture et son territoire, mais que cela ne m'empêche pas d'aimer Justin Trudeau.
J'aime le fait qu'il s'appelle Justin et qu'il soit si beau. |
J'aime le fait qu'il s'appelle Trudeau et qu'il soit si vacant. |
J'aime le fait que dans la vraie vie, il enseigne les mathématiques.
J'aime le fait qu'il soit vraiment parti d'absolument rien.
C'est tout. Et ça devrait suffire amplement à faire un jour de lui notre Premier ministre.
***
Vous êtes peut-être déçus. Vous vous dites que vous n'avez rien appris de concret sur Justin Trudeau aujourd'hui, que tout ce que j'ai écrit n'approfondit en rien l'image qu'on se fait du personnage. C'est vrai, je l'avoue, et je l'assume. Pour quelles raisons aurais-je dû laisser l'effort et la substance empêcher le naturel de s'exprimer? L'imitation n'est-elle pas le meilleur des hommages?
Afin de ne pas trop vous laisser sur votre faim, laissez-moi quand même terminer par une anecdote dont je vous garantis l'authenticité avec toute la blancheur dont mes dents sont capables.
***
Vous êtes peut-être déçus. Vous vous dites que vous n'avez rien appris de concret sur Justin Trudeau aujourd'hui, que tout ce que j'ai écrit n'approfondit en rien l'image qu'on se fait du personnage. C'est vrai, je l'avoue, et je l'assume. Pour quelles raisons aurais-je dû laisser l'effort et la substance empêcher le naturel de s'exprimer? L'imitation n'est-elle pas le meilleur des hommages?
Afin de ne pas trop vous laisser sur votre faim, laissez-moi quand même terminer par une anecdote dont je vous garantis l'authenticité avec toute la blancheur dont mes dents sont capables.
Je me promenais innocemment, un doux matin de printemps, dans le quartier Villeray, guilleret, humant ici le parfum exquis d'une tulipe en fleur, tendant là ma main souriante aux écureuils qui venaient se faire flatter un peu, quand je vis traîner sur le trottoir pourtant propre et bien entretenu de ce quartier si bien représenté politiquement, un portefeuille. À qui pouvait-il bien être? Comment avait-il été perdu ou abandonné? Quelles angoisses pouvaient bien vivre en ce moment même son propriétaire légitime? Que fallait-il faire? Ces quelques secondes d'inquiète stupéfaction passées, il me vint à l'esprit qu'il fallait tout simplement me pencher, prendre ce portefeuille perdu, puis chercher à découvrir l'identité dudit propriétaire.
Quelle ne fut pas ma surprise quand, au moment même où je me
penchais pour le ramasser, je constatai que le portefeuille se mit à glisser,
comme s'il me fuyait?!? Quel étrange portefeuille! S'ensuivit donc une course
folle à travers les rues de Villeray, moi courant à en perdre l'haleine, le
portefeuille glissant quant à lui sur le trottoir à toute vitesse, mais s'arrêtant parfois pour
mieux repartir, d'un bond espiègle, dès que je m'en approchais un peu. Boyer, de
Castelnau, Henri-Julien… les rues défilaient à toute allure. Puis filèrent les
ruelles sans nom, dans le méandre angoissant desquelles je finis par me perdre.
Où étais-je? À l'intersection de deux ruelles inconnues. Que faisais-je? Je
l'ignorais bien. Le portefeuille, posé comme un homme sans tête et sans tronc sur ses deux volets,
semblait bel et bien se moquer de moi.
Quelle ne fut pas ma surprise quand émergèrent tout à coup de
partout autour de moi une bande d'hommes louches et patibulaires, qui
frappaient leur main gauche d'une batte de baseball qu'ils agrippaient
fermement de leur main droite!?! Ils étaient tous synchronisés. Ils approchaient
tous imperturbablement de moi. Le cercle se refermerait bientôt. Qu'allais-je
faire? DONNE TON CASH!!!! VITE!!!!
C'est ce qu'ils me dirent tous en chœur, avec un ton bien péremptoire. Inutile
de vous dire que je ne me fis pas prier davantage pour donner au chef de la
bande – un agresseur très crédible ressemblant fort au comédien Sébastien Dhavernas – mon propre portefeuille, tremblant,
les priant de m'épargner. Ne me faites
pas de mal, je vous en supplie, je suis important!!! Je suis un blogueur!!!
Quelle ne fut pas ma surprise quand arriva sur les lieux, en
shorts et en camisole d'un lycra rouge moulant à la perfection des muscles au
galbe exquis, deux gants de boxes rouges aux poings, Justin Trudeau, mon héros,
mon sauveur. VOUS ÊTES DANS MON COMTÉ!!! SAUVEZ-VOUS AVANT QUE JE NE VOUS
ASSÈNE UN DE CES COUPS!!! Il n'en fallut pas plus pour que la bande de malotrus
se disperse effrayée. Justin Trudeau s'approcha de moi, enleva son gant de boxe
droit, se pencha, s'empara du portefeuille qui traînait par terre, puis me le
tendit gracieusement, esquissant un sourire qui semblait vouloir dire: pas besoin de me féliciter. Je suis né pour
sauver mes concitoyens. Ce sont d'ailleurs ses propres mots, prononcés alors qu'il
souriait à la caméra qui l'accompagnait ce jour-là.
Justin s'en alla ensuite sous le soleil couchant de Villeray, me
laissant seul avec le portefeuille retrouvé, qui en fin de compte n'était pas le mien, mais celui que j'avais poursuivi dans les rues et ruelles. J'avais perdu mes
cartes d'identité. J'avais perdu l'argent de mon loyer. Je ne savais toujours pas où j'étais. Mais je n'avais rien
perdu de vraiment essentiel. Dans le portefeuille presque vide, il y avait une
photo de Justin et moi, ses bras sur mes épaules. La photo était signée: to my favorite fan, thanks for keeping it real, Justin, love. C'est à ce moment
que j'ai compris, pour la première fois, que Justin Trudeau n'était pas
simplement un politicien plus talentueux que les autres, c'était un véritable
magicien!
Et vous, quel est votre meilleur moment Justin Trudeau?