Ils s'indignent contre une loi spéciale antidémocratique. Ils blâment un gouvernement méprisant et corrompu. Ils protestent contre une hausse abrupte des droits de scolarité. Ils se donnent un moment de fête gratuite et libératrice. Ils prennent contact avec des voisines et des voisins auxquels ils n'osent pas autrement sourire aussi spontanément. Ils se découvrent comme collectivité. J'énumère parce que je n'ai pas la prétention d'expliquer. La confusion dans ce mouvement est réelle et ne doit pas être gommée en donnant à ce dernier une signification politique qu'il n'a pas nécessairement. Quiconque parviendra à prouver sondages à l'appui que les casseroles sont sans ambiguïté à gauche, qu'elles sont toutes souverainistes, féministes ou écologistes, devrait nous sembler trop habile pour qu'on puisse lui faire entièrement confiance.
C'est au mouvement lui-même que nous devrions plutôt faire confiance, malgré tout ce qu'il comporte encore d'incertain, car cette incertitude est celle de tout mouvement authentiquement démocratique. Il n'y a que les puissants et les spécialistes à leur solde pour nier cette incertitude et prétendre ainsi indûment à la toute-puissance, à l'omniscience. Nous ne nierons pas qu'un milliardaire a de bonnes raisons de croire que son capital fera nécessairement des profits dans un marché qu'il domine. Il est aussi vrai que les conclusions d'un économiste seront aussi certaines qu'il le veut s'il peut choisir ses hypothèses comme bon lui semble. Le peuple, au contraire, agit toujours en amateur, en dilettante. C'est un éternel débutant. Il ne se connaît souvent même pas lui-même et ne se découvre qu'en agissant, souvent à tâtons. Incertain, tous ses actes sont incertains, mais cette incertitude alimente l'espoir contre les nécessités tristes. Qu'est-ce que la démocratie sinon la reconnaissance en acte du fait que les collectivités ont la capacité de créer leur histoire ? Cette capacité ne sera jamais soumise à aucune nécessité, ni celle des puissants, ni celle des spécialistes qui les servent.
Nous devons faire confiance aux casseroles. Nous devons les écouter et les suivre dans la rue. Car si l'on ne peut savoir avec certitude tout ce que font et feront vraiment les Québécoises et les Québécois qui frappent sur ces casseroles, une chose toute simple demeure certaine, c'est qu'ils font de la musique. De la musique populaire, de la vraie musique populaire, de celles qu'aucun musicien ne parviendra jamais à composer, de celles qu'aucun producteur ne parviendra jamais à réduire en succès commercial, de celles qu'aucune radio ne voudra jamais diffuser, de celles dont aucun critique ne parviendra jamais à définir toutes les influences. Et c'est avec cette musique que le Québec se réveille, le soir plutôt que le matin, mais il est moins que certain que l'avenir n'appartienne qu'aux lève-tôt.
Nous devons faire confiance aux casseroles. Nous devons les écouter et les suivre dans la rue. Car si l'on ne peut savoir avec certitude tout ce que font et feront vraiment les Québécoises et les Québécois qui frappent sur ces casseroles, une chose toute simple demeure certaine, c'est qu'ils font de la musique. De la musique populaire, de la vraie musique populaire, de celles qu'aucun musicien ne parviendra jamais à composer, de celles qu'aucun producteur ne parviendra jamais à réduire en succès commercial, de celles qu'aucune radio ne voudra jamais diffuser, de celles dont aucun critique ne parviendra jamais à définir toutes les influences. Et c'est avec cette musique que le Québec se réveille, le soir plutôt que le matin, mais il est moins que certain que l'avenir n'appartienne qu'aux lève-tôt.
Quel texte inspirant! J'écoute la musique et ta voix...
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