Quelle semaine mémorable que celle qui est tout juste en train de s'achever! Tant
d'événements déterminants ont eu lieu durant les derniers jours dont nous
pouvons à peine deviner l'impact incroyable sur les générations futures! Tant
de moments marquants dans la longue marche de l'humanité pour son émancipation!
Tant d'étapes franchies pour de bon et dont l'explication exigerait une réflexion aussi originale qu'approfondie! Tant de sujets dont je n'ai pas l'intention de vous parler cette semaine!
En effet, je n'ai pas l'intention de vous parler de
l'hypocrite (et surtout très païenne) cérémonie des Oscars de dimanche dernier. Peut-on
qualifier autrement un spectacle clinquant où des demi-déesses sont mutilées
et sacrifiées pour les faveurs capricieuses d'une idole phallique et dorée
symbolisant richesse, prestige et puissance? Peut-on qualifier autrement cette
masturbation esthétique, morale et intellectuelle d'une industrie de
l'abrutissement esthétique, moral et intellectuel? Qu'on ne m'objecte pas ici
l'indéniable talent, le travail remarquable de tout ce beau monde. Comme
n'importe qui, j'aime le cinéma, le meilleur comme le pire d'ailleurs. Sauf que ce n'est pas comme si pour enfin comprendre toutes les nuances de ce spectacle subtil, il me suffisait d'attendre que mes filles soient assez grandes pour qu'il
me soit enfin loisible, sans planifier la chose un mois d'avance, d'aller voir en salle des films le plus souvent oubliables, pour ensuite les discuter spirituellement, jusqu'aux petites heures du matin, avec mes nombreux amis sans enfants, dans un café branché au design scandinave, etc. Aux
Oscars, le cinéma, c'est ce dont on ne parle que lorsque l'orchestre impose le
silence.
The show must go on. Au
suivant. Ou plutôt à la suivante, vite, avant que sa beauté post-humaine ne décline en direct devant nos
yeux révulsés. Avez-vous vu Renée Zellweger cette année? Que reste-t-il aujourd'hui
de l'insupportable et narcissique, mais tout de même attachante Bridget Jones? Il y a
quelques années à peine, aurait-on osé la féliciter, elle ou une autre, de
s'être donné
une injection/maigreur contre la grippe?
Par ses efforts laborieux pour se moquer du sexisme sophistiqué d'Hollywood, l'animateur/animateur Seth MacFarlane n'est en fait parvenu qu'à affirmer un sexisme plus vulgaire: vrais hommes…
aimer… totons; hommes gays… pas aimer… totons; vrais hommes… pas aimer… totons
qui parlent; George Clooney… pas aimer... totons qui pendent. Je ne vous parlerai
donc pas de ce spectacle dont je n'ai réussi à écouter que les 45 premières minutes. Il y a des limites au bavardage que je me sens capable de supporter. Ça doit être parce que je suis un homme.
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Avant et après? |
Je ne vous parlerai pas non plus de l'hypocrite (et surtout très risible) Sommet sur l'enseignement supérieur qui s'est tenu lundi et mardi derniers dans un lieu qui pour
une fois a bien porté son nom d'
Arsenal, mais qui sera bien mieux employé à
l'avenir à
exposer, comme c'est sa vocation, des œuvres porteuses d'avenir, justement. Peut-on qualifier autrement ce spectacle pour la tenue duquel nous avons pourtant manifesté pendant des mois?
Je ne me plaindrai pas de l'indexation de 3% annuels des frais de scolarité. C'était
prévisible, c'était presque inévitable dans l'état actuel du débat public, et
c'est bien plus raisonnable que ce qui nous avait été proposé il y a un an par
un chef dont le pouvoir de mobilisation négative doit aujourd'hui manquer à plusieurs de ses adversaires
d'alors. Je ne me plaindrai pas non plus des
nananes gracieusement éparpillés par le gouvernement pour faire taire le groupe de pression auquel j'ai la chance d'appartenir. Ce qui n'a jamais eu lieu lors du Sommet, c'est une réflexion, c'est
un dialogue, c'est un débat qui n'aurait pas été polarisé par des certitudes aussi
simplistes qu'inébranlables. Hausse, indexation, gel et gratuité, tout cela suivi de belles idéologies bricolées hermétiquement. Ils étaient
quatre qui voulaient se battre… contre trois qui voulaient se battre… et l'arbitre qui voulait se battre... dit aux trois qui voulaient se battre... que la bataille était maintenant finie. Comme j'aime bien vous faire rire, je ne peux résister au plaisir de citer l'ô combien
pertinent Jérémie Bédard-Wien, coporte-parole de l'ASSÉ. Avant le sommet: «
Nous ne devons pas modifier notre relation avec le gouvernement, notre relation doit être une relation de confrontation ». Quel réalisme! Après le Sommet : «
Il y a véritablement une mobilisation qui reprend alors qu’elle s’était essoufflée depuis la fin du printemps érable. […] Plus que jamais, la population est derrière nous ». Quelle lucidité! Le successeur spirituel de Gabriel Nadeau-Dubois me fait ici à penser à Karl Marx. Je constate avec embarras que nos jeunes
révolutionnaires ne prennent en effet plus le temps de lire ne serait-ce
que les premières lignes de ses ouvrages les plus célèbres:
« Hegel fait quelque part cette remarque que tous les grands événements et personnages historiques se répètent pour ainsi dire deux fois. Il a oublié d'ajouter : la première fois comme tragédie, la seconde fois comme farce. » Grandes phrases! Que ferait-on sans vous pour nous consoler d'un présent désolant? Je n'ai pas assisté au
sommet. Je n'ai pas participé aux manifestations. J'ai plutôt choisi de donner
mes cours, estimant faire ainsi davantage pour l'avenir et la
jeunesse du Québec. Quel était le sujet des cours cette semaine? Les conditions qu'un
débat doit remplir pour ne pas dégénérer en exercice de propagande ou en dialogue
de sourds. Je vous jure! Vous devinerez que le cours était très abstrait, très théorique, très éloigné des
réalités vécues par nos étudiants. Ça doit être parce que je vieillis.
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L'histoire va-t-elle se répéter? |
Pour terminer, je ne vais pas vous parler non plus de l'hypocrite (et semble-t-il très politique) mise en scène de la démission de notre plus récent Saint-Père, dont le pontificat a officiellement pris fin jeudi dernier. Peut-on qualifier
autrement un spectacle dont les
dessous apparemment malpropres ont été si
efficacement recouverts d'une couche épaisse et bien lustrée, d'une couche qui sent suspicieusement trop bon, d'une couche vertueuse purement virtuelle (il est grand temps de permettre le mariage de ces deux adjectifs féminins, des cousines qui attendent toujours que l'office de la langue française accorde l'adoption de la petite
vertuelle). Je ne parlerai pas ici contre le théologien Joseph Ratzinger, à qui je promets de donner gracieusement raison le jour où j'irai me faire brûler pour l'éternité en Enfer. Je ne critiquerai pas l'oeuvre du pape Benoît XVI, à qui nous devons tout de même de
modestes avancées (radicales vues de Rome) en matière de lutte contre certains problèmes «mineurs». Je ne me prononcerai pas non plus quant au bien-fondé des
rumeurs qui circulent à propos des tensions, des scandales et des complots qui peuvent avoir cours dans l'environnement silencieux (je pense ici à l'accessoire dont sont munis certaines armes de tir) du Vatican. Je n'ai pas la compétence requise pour juger de tout cela. Mais j'ai certainement celle de réagir à l'irréalité des éloges que s'est mérités un pape si soudainement bien aimé. Nous avons loué l'humilité, la sagesse et le courage avec lesquels Jean-Paul II a su, en s'acharnant à jouer jusqu'au bout son rôle, transcender sa dégénérescence physique et mentale; il faut maintenant louer l'humilité, la sagesse et le
courage avec lesquels Benoît XVI a su, en renonçant à jouer son rôle jusqu'au bout, transcender le prestige surnaturel de son titre. Je commence à mieux comprendre ce qui peut rendre un pape infaillible. On louera certainement la modestie de ces ultimes paroles :
« Je suis simplement un pèlerin qui commence la dernière étape de son
pèlerinage sur cette terre. » Personnellement, j'ai plutôt tendance à ne voir
là qu'une preuve de plus de son manque d'amour pour cette terre qu'il se
prépare à quitter dans la joie, sachant très bien qu'il va trouver bien
infiniment mieux ailleurs. Je sais, c'est étrange de penser comme ça. Ça doit
être parce que j'ai de véritables enfants.
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Ne descend-il que pour mieux remonter? |
Je ne vais donc pas vous parler des Oscars, du Sommet sur l'enseignement supérieur ou de la démission du pape. Je
ne suis pas assez cynique pour cela. Je n'ai pas consacré tant de pages de mon blogue à
célébrer dans le rire et l'allégresse cette folle incertitude qui un jour ou
l'autre aura le pouvoir de nous réunir, je n'ai pas fait tout cela pour devenir du jour au lendemain un grincheux bougon et déprimant. Que cela se sache: je suis un homme de foi. J'ai
foi en l'art et en la beauté. Je crois au dialogue et à la démocratie. Je ne
cesserai jamais d'espérer en une vie sensée et illuminée par la vérité. Et
comme rien de ce qui est arrivé cette semaine ne me permet de parler authentiquement
de tout cela, je vais m'en tenir au seul sujet véritablement émancipateur qui
soit d'actualité, toujours d'actualité, à jamais d'actualité. Je vais vous
parler des chats.
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Ils sont si futés! |
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Ils sont si mignons! |
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Ils sont si espiègles! |
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Ils sont si serviables! |
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Ils nous ressemblent tant! |
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Qu'attendons-nous pour faire comme eux?!! |
Si vous aimez, partagez.
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